CONCERT CE SOIR + INTERVIEW !
hey
le concert avec
Silent Front et
Cheverny, c'est ce soir au
Sonic ! raboullez votre fraise !!
sinon on a été interviewé l'an dernier à Grrrnd Zero avec 12XU par Xavier de chez Visual Music... l'interview est en ligne, mais vous pouvez la lire aussi ici :
Two bands, one meeting Quand on arrive dans une nouvelle ville et qu'on n'a pas la chance d'être étudiant, il est assez difficile de se faire une idée du coin dans lequel on est tombé. Certains se noient dans l'alcool, d'autres en profitent pour faire leur deuil de leur vie d'avant en accélérant au maximum le processus couple/baraque/gosse/chien. A VisualMusic, on choppe les gloires locales et on les interviewe sans préliminaires - pour Lyon, ce sera les membres des groupes 12xu et Baton Rouge, tous plus ou moins impliqués dans feu Daïtro, fer de lance de la scène screamo punk avec Aussitôt Mort. On vous garantit qu'il n'y a rien de mieux pour prendre la température d'une ville. |
Bonjour messieurs, pouvez vous vous présenter façon première heure de garde à vue ?
Julien: Julien Paget, j'habite à Lyon, j'ai 30 ans, je chante et je joue de la guitare dans les 2 groupes,
12xU et
Baton Rouge
Benoit: Louis Benoit Marie Desvignes, huitième du nom (rires), je vis à Villié-Morgon dans le Beaujolais. J'ai 30 ans et je suis batteur dans
Baton Rouge uniquement... Mais j'ai aussi d'autres projets à côté.
Samuel: Samuel Moncharmont, 6 juillet 1981, j'ai trente ans et je le vis très mal ! Je joue de la guitare dans
Baton Rouge, j'habite le 1er arrondissement à Lyon.
Hughes: Hughes Jean Marie Lecors, originaire de Rennes en Bretagne, né le 25 septembre 1978, je fais de batterie au sein de
12xu.
Gwen: Gwenael Grosclaude, j'ai quitté ma Bresse natale pour venir vivre dans le 7e arrondissement à Lyon, j'ai 31 ans et je le vis bien ! Je joue de la basse dans
Baton Rouge et
12xu.
Pourquoi avoir créé deux groupes différents avec un line-up aussi commun ?
Julien: Au début on jouait tous ensemble dans Daïtro avec Aurel qui vit maintenant à Besançon. Et puis avec Gwen on a eu envie de faire un truc un peu plus punk rock, couplet/refrain. Comme on connaissait Hughes, qu'on savait qu'il allait venir à Lyon et qu'il joue de la batterie, on s'est dit "Nickel, c'est notre homme !". 12xu a cohabité avec Daïtro au début, puis on a décidé de mettre Daïtro en pause pendant un certain temps. Même si on n'avait plus envie de jouer du Daïtro, on voulait encore jouer tous les quatre. C'est comme ça que Baton Rouge est né.
Gwen: On assume le côté consanguin. On aime jouer ensemble, ça ne va pas plus loin. On se fout du reste.
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Est-ce qu'au niveau de l'écriture, vous composez vos chansons en fonction du groupe auquel il est destiné ?
Gwen: Je me souviens d'un morceau qu'on avait écrit avec Baton Rouge, mais tous les quatre n'étions pas conquis par le résultat. On a essayé de le réarranger pour 12xu et ça n'a pas marché. Les deux groupes n'ont pas la même façon de jouer, les mêmes envies.
Benoit: L'équilibre à trouver à quatre n'est pas du tout le même qu'à trois.
Julien: Quand on a commencé Baton Rouge, on a fait exprès de désaccorder les guitares afin d'avoir un élément distinctif. Pour ne jamais avoir à se dire "Merde, ce morceau, je le garde pour quel groupe ?".
Benoit: La plupart du temps dans Baton Rouge on part d'un riff et on compose tout le titre autour de ça. Même si des fois un membre peut avoir une idée de construction. Au début on a essayé plein de directions différentes parce qu'on va vers où cela nous emmenait; maintenant je pense qu'on est sur une démarche où on suit une ligne directrice qui ressort très naturellement, qui je pense est très éloignée de celle de 12xu.
Samuel: Quand on a arrêté Daïtro, on voulait vraiment expérimenter de nouvelles choses, changer nos réflexes, notre manière de jouer avec Baton Rouge... 12xu, c'était né d'une volonté de jouer plus direct et plus simple.
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Ayant vu un concert de chaque formation, j'ai trouvé également que les énergies étaient différentes: ambiance punk et son cradingue pour 12xu, et plus posé et léché pour Baton Rouge alors que ces différences ne sautent pas au oreilles sur disques. C'est votre ressenti également ?
Julien: Je trouve que 12xu est plus dur à gérer, parce qu'il n'y a qu'une seule guitare. On joue beaucoup sur l'énergie, on est tout le temps à fond, le côté punk rock est beaucoup plus mis en avant. Avec Baton Rouge, l'équilibre se trouve mieux du fait des deux guitares. Dans la balance qualité du son / énergie du groupe, avec Baton Rouge, on ira vers le premier, tandis qu'avec 12xu on ira vers le second.
Je me tourne vers Hughes: d'où te viennent ces réflexes de brutes ?
Hughes: J'ai appris à faire de la batterie en jouant du hardcore. Le fait de taper fort, ce n'était pas un truc qui me dérangeait. Et puis Gwen et Julien jouent un peu fort, donc faut y aller pour se faire entendre !
Gwen: Ouais bien sûr ! (Rires)
Benoit: Alors là, je me dois de défendre mon collègue ! Gwen et Ju sont les musiciens qui jouent le plus fort parmi ceux avec lesquels j'ai joué dans ma vie.
Gwen: Oh non...
Hughes: Un truc plaisant à la batterie, c'est de taper fort. Y a un côté très physique, qu'on ne retrouve pas chez les guitaristes, je pense.
Benoit: La batterie est un instrument acoustiquement fort, c'est son meilleur atout. Surtout dans le rock ! Avec le temps, j'ai tendance à préférer un batteur qui a une vrai frappe bien à lui plutôt que celui que en met plein la vue.
Hughes: C'est comme au skate. Mes skateurs préférés ce ne sont pas ceux qui rentraient des tricks dans tous les sens, mais ceux qui avaient leur manière de le faire. La batterie a un coté visuel qui me plait beaucoup, aussi.
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Quelles sont vos références dans 12xu ?
Gwen: C'est compliqué. On aime tous bien le punk rock de base, mais on a tous joué dans des groupes un peu emo tristoune au niveau des accords, et quoi qu'il arrive c'est une patte qu'on garde. Même si on ne veut pas faire chialer les gens.
Julien: On est parti de groupes comme Wipers et d'autres qu'on a gardé de notre adolescence, comme du Greenday, NOFX, Millencollin. Mais bon, ça fait tous 15 ans qu'on écoute du punk et du hardcore, qu'on oriente le groupe dans une certaine direction mais on se donne pas trop limite.
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Vous écoutez encore du punk? Parce qu'on rencontre de plus en plus de groupes qui disent en jouer mais ne plus en écouter, souvent par lassitude...
Benoit: Il y a une espèce de boulimie entre nous tous de se gaver, de s'abreuver de son. Par cette émulation, on redécouvre toujours un groupe ancien ou nouveau, et c'est intéressant.
Julien: Quelqu'un qui dit avoir fait le tour du punk, ça me paraît déjà être un truc de ouf. Mais alors quand tu étends ça au rock en général, c'est le travail d'une vie. Toutes les semaines, je découvre un son qui vient de nulle parte en me disant Comment j'ai pu ne pas connaître ça avant ? Après ça vient de l'environnement. On écoute tous beaucoup de musique, on achète tous beaucoup de disques... Le punk, c'est très large. Ça va de The Raincoats (ndr: rock psychédélique jouée par des riot girls) à Dropdead (ndr: punk hardcore ultra Crasseux). C'est sans fin, et c'est ça c'est cool.
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En termes de diffusion, 12xu a commencé par diffuser une série d'EPs de deux titres alors que Baton Rouge a sorti directement un premier album. Quelle est la raison de ces choix ?
Gwen: L'album, c'est un peu un accident ! En studio, on ne sait pas faire album: on enregistre un morceau et on se demande ce qu'on en fait. Et comme on était content de ce qu'on avait fait, on a tout mis sur un même support, alors que ce n'était pas anticipé.
Hughes: Par contre pour 12xu, c'était très calculé. On s'est dit qu'on allait faire une série de single. Ça correspondait très bien au format des morceaux..
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Le format vinyle semble revenir en force ces dernières années. Vous sentez ce revirement ?
Samuel: C'est surtout le CD que s'est écrasé ! On a toujours privilégié le vinyl qui est un objet beaucoup plus intéressant, en terme de de son déjà. C'est un format qui ne s'est jamais vraiment arrêté, C'est juste le CD qui a momentanément fait ralentir le vinyl. Les gens qui ont acheté du vinyl continuent toujours d'en acheter autant.
Gwen: C'est aussi lié au premiers concerts que tu vas voir, où tu vois qu'à la distro (ndr: boutique ambulante de vente de disque), il n'y a que du vinyl. Depuis que je vais voir des concerts punk hardcore, le support dominant c'est le vinyl !
Julien: Ça participe vachement au côté "[i]Je n'écoute pas la même musique que tout le monde, je ne l'écoute pas sur le même support que tout le monde[]/i"... Il y a un coté revendicatif.
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D'ailleurs, vous vendez "Fragments d'eux" même en CD et et vinyl. Pourquoi ? le vinyle est plus cher de le CD, d'ailleurs !
Julien. Les vinyles coutent plus cher, parce qu'ils sont plus cher à fabriquer. Par contre quand tu tires un CD à mille exemplaire, ça te coute 1 euros cinquante par disque. Du coup quand je vois des groupes qui font payer 12 euros leur disque en indé, je ne trouve pas ça très honnête. C'est surement la raison de l'effondrement du cd: c'est un objet qui est vendu cher sans raison alors qu'il ne coute rien à produire. Nous, on veut rendre notre musique la plus accessible possible, en terme de prix.
Benoit: Je trouve ça génial quand tu composes un disque de raisonner en terme de face A / face B. C'est une donnée hyper intéressante que tu n'as pas avec le CD.
Hughes: Le format vinyle a une chance de passer les années. Enfin, j'en sais rien... mais ce qui est sûr c'est qu'en le faisant tourner en mettant juste un pointe et un cône, il y a du son qui sortira ! Avec le CD, si tu n'as pas le code, ce n'est que des 1 et des 0.
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Passons au formats dématérialisés: Vous pensez que c'est une bonne chose que le téléchargement soit démocratisé ?
Hughes: Tous les groupes que je veux découvrir, je les télécharge. La plupart du temps, les mp3 que je télécharge sont des rip de vinyls que les groupes eux même mettent à disposition, je ne pense pas les léser... Et après je les achète en vinyl parce que on ne peut pas vraiment apprécier la musique en restant devant son écran. Par contre j'écoute beaucoup de choses qui finissent à la corbeille !
Julien: Le débat est un peu biaisé, parce que nous ne vivons pas de notre musique. Du coup on n'est du bon côté: on fait de la musique pour s'éclater, on télécharge et si ça nous plait on achète. Alors qu'il doit y avoir plein de labels indépendants qui doivent flipper à cause des gens qui téléchargent. Ça ne craint pas si ton public est passionné de musique, parce que les passionnés finissent toujours par acheter sous une forme ou sous un autre.
Samuel: Ça pénalise les labels et les maisons de disques, mais ça ramène beaucoup plus de monde aux concerts. En étant intelligent, les gens qui veulent se faire un peu d'argent avec leur musique ils s'y retrouvent de cette manière là.
Hughes: Le seul reproche que je ferais au MP3, c'est l'immédiateté de la recherche. En gros, il y a des gamins de 15 ans qui ont plus de culture musicale que moi parce qu'il ont pu digérer très rapidement ce qu'ils découvrent grâce à Internet. A mon époque, quand j'achetais des disques, je regardais les groupes qui étaient remerciés dans les pochettes, j'en discutais avec les potes, des fois tu te forçais à aimer un disque parce que tu l'avais acheté cher !
Julien: On a commencé à s'intéresser au punk et à acheter des disques au moment où il n'y avait pas internet. Le seul moyen pour trouver un disque, c'était les distro qu'on fouillait de fond en comble. Ça pouvait prendre des mois avant de trouver le bon disque... Alors que maintenant, tu es énervé quand tu n'arrives pas à trouver le lien en moins de 3 minutes ! Tout ceux qui ont la trentaine actuellement, qui ont été à ce moment charnière juste avant l'arrivée d'internet, doivent avoir un ressenti un peu particulier sur ce phénomène. Avant, pour tous les disques que tu achetais, il y avait forcément un rapport affectif presque physique, du fait que ces groupes tu les avais forcément vu en concert, ou alors c'est un pote que te l'avait fait découvrir. Je ne dis pas que c'est mieux ou moins bien, mais je suis content d'avoir ce rapport affectif avec la musique grâce à ça.
Benoit: Il y a quand même quelque chose qui me gêne dans cette nouvelle approche. Il y a un coté consumériste qui rend les gens apathiques. Il y a des choses géniales qui sont rapidement banalisées du fait de l'abondance...
Samuel: L'esprit de découverte a pas mal disparu, c'est sûr.
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Trouvez-vous que Lyon soit bien loti en terme de lieux de concerts ?
Julien: D'abord, il faut soutenir les lieux alternatifs. Un truc qui est bien, ce sont des groupes comme Boris et Russian Circles qui blindent le Grrrnd Zero ! Je suis sûr que plein de gens venaient ici pour le première fois, et on dû se dire « C'est quoi cet endroit, il n'y a même pas de loges, pas de fouille à l'entrée, personne ne me prend la tête, pas de vestiaires payant ou quoi que ce soit ... » C'est bien de sensibiliser les gens à l'underground avec des gens bénévoles.
Samuel: Il y des squats qui n'ouvrent pas longtemps, des péniches aussi comme le Sonic. Il y a un grand retour des concert dans les bars sur les pentes au Trokson , au bar de Capucins, à la Triperie aussi. Il y a un coté populaire qui est vraiment bien.
Julien: Moi je mets un petit bémol. Certes, c'est bien de faire des concerts dans des bars. Les gens qui tiennent ces endroits sont cools mais ce ne sont pas des activistes. Alors oui, le Sonic et le Trokson ont une vraie programmation pointue, mais pour les autres... ce sont juste des endroits où on peut faire des concerts, pas des endroits qui font vivre un scène comme le Grrrnd Zero ( qui n'était pas encore fermé au public au moment de l'interview, ndr)
Gwen: Ça dépend des époques. Il y a eu des endroits assez mythiques sur Lyon où beaucoup de gens écoutant du punk et du hardcore allaient, nous y compris. Quand ces endroits ont disparu, il y a eu une période où on se retrouvait dans les bars pourris de Lyon qui étaient les seuls à accepter ce style de musique. Les squats sont réapparus, avec une durée de vie super limitée, mais nombreux. On est pas si mal lotis je trouve.
Hugues: Quand j'étais à Rennes, il y avait deux endroits pour faire des concerts, et encore, uniquement des bistrotiers qui tirent la gueule quand il n' y a pas assez de monde. Sorti de ça, rien. Quand je suis arrivé, j'ai halluciné en voyant un endroit comme Grrrnd Zero... ça me semble assez unique.
Julien: Les endroits qui ferment, c'est lié à une politique urbaine, que ce soit à Lyon ou dans le reste de la France, où on nettoient les centre-villes, on retire ce qui fait trop de bruit, ce qui prend trop de place, pour que les nouveaux riches propriétaires d'appart en centre ville y vivent tranquille. On oublie le passé militant, associatif qui a toujours existé au centre de Lyon. Ici, il y a eu la révolte des Canuts, c'est quelque chose qui est dans l'âme de la ville. Maintenant, tu fais un bruit à 22h15, les voisins appellent les flics...
Samuel: Désormais, Colomb ( ndr: maire de la ville de Lyon) prône la culture institutionnelle. Il nous dit: « Pourquoi faire des concerts dans les bars ? Il y a des salles comme le Ninkasi Kao, le Transbordeur, Les Nuits Sonores... » La culture associative, le bénévolat, ça ne représente rien pour lui.
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1 commentaire:
on tue les lieux de fête c'est triste
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